Les onze couleurs de la biotechnologie

Il est de plus en plus fréquent d’entendre le mot biotechnologie. Petit à petit, ce terme s’est introduit dans notre vocabulaire courant, sans pour autant que sa signification apparaisse très claire.

Pourtant, le concept de biotechnologie fait référence à une notion très concrète, dont il faut connaître la définition, le sens et la portée puisque la biotechnologie est une réalité qui se retrouve dans tous les domaines de notre vie et présente un futur prometteur.

Concept de biotechnologie

Selon la Convention sur la Diversité biologique de 1992 (Convention on Biological Diversity, Article 2), la biotechnologie peut être définie comme « toute application technologique qui utilise des systèmes biologiques, des organismes vivants ou des dérivés de ceux-ci pour réaliser ou modifier des produits ou procédés à usage spécifique ».

Portée de la biotechnologie

La biotechnologie recouvre de larges et intéressants champs d’étude, qui suivent les couleurs de l’arc-en-ciel :

La biotechnologie verte recouvre tous les procédés biotechnologiques du secteur agricole. Plantes transgéniques et organismes génétiquement modifiés (OGM), antioxydants, culture fruitière et maraîchère (techniques de culture), levure et bactéries transgéniques (utilisées pour la fermentation du vin et de la bière), biréacteurs (systèmes qui maintiennent un milieu biologiquement vivant) ou agents insecticides, sont quelques exemples des nombreux domaines englobant la biotechnologie verte, également appelée biotechnologie végétale.

La biotechnologie bleue est la biotechnologie relative à la mer et aux océans, à l’exploration et à l’exploitation des organismes marins. Additifs et colorants pour l’alimentation, nutriceutiques pour le traitement de l’arthrite ou l’amélioration de la mémoire, compléments alimentaires, cosmétiques et crèmes rajeunissantes en sont quelques applications.

La biotechnologie blanche est liée au secteur industriel. Les procédés catalysés par des enzymes pour augmenter la rapidité de l’obtention de produits constituent la biotechnologie blanche.

L’exemple le plus connu est celui du procédé d’Haber-Bosh pour l’obtention de l’ammoniaque ; ou le « bio-pulping », le traitement aux enzymes xylanases pour prévenir la formation de dérivés toxiques dans la lignine pour la fabrication du papier.

La biotechnologie rouge ou biotechnologie sanitaire est celle qui rassemble les procédés bio-sanitaires dont le but est de soigner des maladies à travers la modification de gènes défectueux à partir, par exemple, de l’insertion de gènes remplaçant ceux qui sont endommagés. On inclut dans cette branche la découverte de nouveaux médicaments et vaccins (grâce à la mise en place de la nanotechnologie dans la médecine et à la pharmacogénétique), la médecine régénératrice (avec la génie tissulaire), la thérapie génique et les nouvelles techniques d’analyse et de diagnostic.

La biotechnologie grise se concentre sur les écosystèmes et les sciences de l’environnement. Il s’agit de la décontamination des sols et des gaz polluants, l’épuration et l’assainissement des eaux résiduelles, le maintien de la qualité de l’air, le recyclage de produits vivants comme inertes et l’élimination de métaux lourds, hydrocarbures et espèces dégradants la biosphère. Elle a pour but la soutenabilité entre personnes et écosystèmes grâce à de nouveaux procédés biotechnologiques d’origine énergétique et microbiologique à partir de l’utilisation d’êtres vivants tels que des champignons, algues et plantes.

La biotechnologie marron, très proche de la biotechnologie grise, concerne le traitement des sols arides et désertiques à partir d’espèces hautement résistantes aux sols salins et secs.

La biotechnologie dorée recouvre tout ce qui est en lien avec la bioinformatique, tant concernant les logiciels que le matériel informatique, utilisés pour les analyses de données dans les procédés biologiques. Ses usages sont infinis : recherche d’amorces, séquences de péptides, recherche de mutations de l’ADN, de transcriptions erronées de l’ADN ou d’analyses phylogénétiques (relations évolutives entre différentes espèces).

La biotechnologie noire est liée au bioterrorisme et aux guerres biologiques. Il s’agit des recherches sur les micro-organismes pathogènes, virulents et résistants, pour les convertir en armes biologiques ou neutraliser leurs effets nocifs (les bactéries Bacillus anthracis ou Coxiella burnetii, par exemple, peuvent être à l’origine de maladies mortelles au niveau pulmonaire, comme le charbon).

La biotechnologie violette recouvre l’étude des aspects légaux qui entourent cette science : mesures de sécurité (biosécurité) telles que la protection des données du patient, les brevets (régulation juridique), les problèmes bioéthiques et de législation. Les recherches récentes ainsi que les formes innovantes de progrès redéfinissent les principes moraux et éthiques : procréation médicalement assistée, thérapie  génique de la lignée germinale, recherches sur les animaux ou clonage.

La biotechnologie jaune, domaine émergent, représente l’industrie alimentaire. Les huiles culinaires sont formés par des acides gras dont l’étude vise à réduire la saturation. Cela concerne également ce que l’on appelle communément les mauvais acides gras ou acides gras saturés, d’origine animale principalement, et les bons acides gras, ou acides non saturés, comme l’Omega-3, présent dans les poissons gras. La biotechnologie jaune concerne également l’étude des procédés d’hydrogénation qui affectent parfois le cœur et provoquent des maladies cardiovasculaires ; ou  l’élaboration d’aliments modifiés par augmentation des apports caloriques et supplément de vitamines dans les pays en voie de développement, pour combattre, de manière rapide et efficace, la malnutrition infantile.

La biotechnologie orange c’est le domaine de divulgation de la biotechnologie. Son enseignement émerge avec force dans les centres universitaires du monde entier. Les connaissances qu’elle apporte et son intégration interdisciplinaire la convertissent en une technologie destinée à offrir  des biens et services et à satisfaire nos nécessités dans un futur que l’on peut déjà appeler présent.

Rebeca García-Escudero Bernat

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